Atelier
avec Samuel Tracol et Corinne Rostaing
vendredi 1er juillet
14h – 15h30
Barnum, Parc de la Baume, Dieulefit
Accès libre dans la limite des places disponibles
Samuel Tracol, historien, et Corinne Rostaing, sociologue, croiseront leurs regards sur ces deux espaces d’enfermement. Pendant un siècle, les bagnes coloniaux ont constitué le sommet de l’appareil carcéral, la dernière étape avant la guillotine. Aujourd’hui, la prison constitue le mode privilégié et de plus en plus massif de punition, en concentrant plus de 70 000 détenu·es. Au premier abord, rien de commun entre l’expérience de détention d’un forçat de la fin du XIXè siècle et un prisonnier de 2022. “Prison sans les murs”, le bagne est le lieu d’exercice des travaux forcés, loin de nous, tandis que la prison contemporaine, plus près de nous, cache derrière de hauts murs promiscuité et inoccupation. De ces modes d’enfermement et de contrôle des corps découlent néanmoins des espaces de liberté et d’évasion, négociée ou au contraire concurrentes de l’institution carcérale.
La sociologue et l’historien discuteront tour à tour des questions de leurs méthodes et de leurs terrains. Ils traiteront des possibilités de dégager des marges de manœuvre ou d’espaces de liberté par le travail, la religion, les activités socio-culturelles, la sexualité ou les trafics qui représentent autant de zones franches collectives ou intimes mais aussi les relations entre le dedans et le dehors, par exemple les liens entre bagnard.e.s, personnels et leur famille dans un espace colonial, tout comme seront évoquées les relations des détenu·es avec leurs proches par la correspondance ou le parloir. En ligne d’horizon, la sortie de détention est une finalité qui oriente l’expérience carcérale : s’évader, arriver au terme de sa peine ou se donner la mort sont autant de possibles pour échapper à la prison et ainsi gagner sa liberté.
Au premier abord diachroniques, les bagnes et les prisons contemporaines sont intimement liés : ils naissent au même moment et ils procèdent de mêmes ressorts idéologiques visant à frapper le péril social et urbain, et éloigner de la société les éléments corrupteurs. A l’autre extrémité de la chronologie qui nous intéresse, la réflexion contemporaine sur la prison en milieu ouvert, et l’expression de certaines volontés politiques en faveur de la réouverture des bagnes dans le cadre de la lutte contre l’islamisme rapprochent nos objets.