Édito 2024

Marges

Toutes les marges racontent une histoire entre un centre et une périphérie. Sentiment ici exaltant de sortir du troupeau, là douloureux d’être laissé pour compte. Désirs contraires d’être dedans et dehors, pareils et différents. Nous sommes toutes et tous les marginaux d’un groupe ou d’une idée.

La personne privée de liberté est, numériquement, une personne à la marge en Europe. Elle est souvent sans domicile, sans papiers, déscolarisée ou en manque de relations sociales et familiales, frappée de plein fouet par la crise écologique. Quand elle est migrante, la frontière est parfois floue entre l’administration de sa situation et sa criminalisation.

À Concertina, nous revendiquons le choix original de nous intéresser à la personne privée de liberté et de nous mobiliser pour elle. Et même de la placer au centre de nos préoccupations.

Nos sociétés jugent la personne enfermée, jugent sa faute, sa déviance, son infraction, parfois sa non-conformité aux normes sociales ou sa dissidence politique. Elles jugent bon de la mettre à l’écart pour s’en protéger et, pourquoi pas au passage, de la faire souffrir, de l’inscrire dans la marge invisible de nos territoires. De la marge à l’exclusion, il n’y a qu’un pas qui peut confiner parfois à la barbarie.

Nous aimons aussi à penser que les marges signent un refus de modèles prédateurs. Ouvertes et floues, elles offrent leur espace de liberté et de création. Elles invitent à l’engagement, la solidarité, la nonchalance, la tendresse, les chemins de traverse ou le pas de côté, la poésie, la musique, la résistance…

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