Dieulefit, le 21 juin 2023
Lettre ouverte à Monsieur Wauquiez,
candidat à la présidence de la République
Monsieur le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes,
Concertina, Rencontres estivales autour des enfermements, est un petit festival, conçu en lien avec un territoire et ses habitants, accessible au plus grand nombre puisque gratuit. Il se tient le premier week-end de juillet, à Dieulefit dans la Drôme, pour la troisième année consécutive. Il permet la venue de personnalités nationales et internationales.
Les Rencontres ont vocation à élaborer une pensée collective sur un sujet d’une grande complexité (prison, psychiatrie, rétention…), au-delà des opinions partisanes. En témoigne la présence de nombreux acteurs des administrations de la justice et de la culture, du Conseil de l’Europe.
Nous sommes favorables à la prévention des infractions et de la récidive, c’est-à-dire attentifs aux victimes. Nous le sommes également aux droits des personnes détenues et à leur place dans nos sociétés.
Notre festival coche toutes les cases que vous avez énoncées publiquement pour continuer à bénéficier de votre soutien : favoriser plutôt les petites manifestations festivalières en zone rurale que les institutions « élitistes », dites-vous, des grosses agglomérations régionales.
En supprimant votre soutien à ce festival (800 personnes attendues cette année), vous envoyez un signal violent à celles et ceux qui œuvrent à une société plus fraternelle.
Vous êtes le signataire des deux courriers positifs des années précédentes. Vous déléguez le soin de la mauvaise nouvelle de cette année à votre directrice de la culture et du patrimoine, sèchement et sans explication.
Vous affichez votre « combat contre une culture à deux vitesses ». Vous en retenez une qui vous rassure car elle ne pose pas de question. Serez-vous celui qui, arrivé au pouvoir, démantèlera le service public de l’information ou de l’éducation au prétexte de combattre une information ou une éducation à deux vitesses ? Beaucoup en rêvent et vous montrez le chemin.
Vous aspirez, président régional, à être le président de la France. Votre choix d’une culture à une vitesse répond soit à votre vision personnelle de la culture, soit pourrait être guidé par les sondages. Dans les deux cas, cela nous attriste.
Notre pays a besoin d’une droite et d’une gauche à leur place, guidées par les valeurs de la République. A l’extrême-droite la place est déjà prise. Vous cédez ici à une passion bien française qui consiste à diviser là où il faudrait rassembler.
On ne se rend jamais sympathique en étant méchant, politisé et calculateur.
Votre candidature est mal partie.
Catherine Chemla, Bernard Bolze,
Co-présidence de Concertina