Que puis-je « faire » là où je suis, là où je vais ?
Je n’arrive pas sans bagages ni ressources, mais avec trop d’idées pour en avoir une seule. Je n’ai pas non plus le projet de plier le « monde » afin de lui donner telle ou telle forme.
Le réel est toujours plus riche et plus complexe que l’imagination.
A Concertina, la première année, j’ignorais à peu près tout de ce que j’allais vivre, en dépit des informations qu’au fur et à mesure j’avais eu. C’est une fois sur place que j’ai trouvé ce qui pouvait justifier ma présence. J’ai réalisé 120 portraits selon une procédure simple, identique quelle que soit la personne, toutes photographiées dans une même et douce lumière.
Elles étaient là et moi aussi.
Je fus absent la deuxième année.
Pour cette troisième « saison » de Concertina , je suis arrivé avec un jour de retard !
J’ai dit bonjour, et j’ai commencé par aider à coller des bouts de papiers donnant des informations sur les activités de la journée. J’ai photographié cette cabane qui faisait office d’accueil.
A Concertina des mots sont dits, des idées et des histoires échangées, partagées, dans une sorte d’effervescence. On y parle de l’existence des prisons, de la vie en prison, de ce qui s’y passe, de l’état dans lequel elles se trouvent, de leur raison d’être, de dignité et d’indignités…
Comment photographier des mots et des idées?
Bien sûr il y a bien quelques arbres, un peu d’herbe et un ciel au dessus de Concertina, mais rien à consommer. Tout y est le produit de ceux qui y participent.
Il me reste de quoi m’engager. Ce contexte particulier, est fait de distances inhabituelles, de fortes « présences », parfois insensées, de rencontres, d’échanges et de croisements …
En somme il y a là une humanité.
J’ai essayé d’en traduire la présence.
Et j’ai toujours pour moi la lumière et les couleurs.
Frédéric Bellay 21/10/2023
Frédéric Bellay : frederic-bellay@bbox.fr